Il est alarmant de constater l’ampleur de cette détresse psychologique qui touche l’ensemble de la population. Il y a lieu de se questionner sur ce qui sous-tend ce phénomène.
Pour tenter d’y répondre, je vais utiliser l’analogie du presto. Celui-ci offre un avantage appréciable : augmenter la rapidité de cuisson des aliments. Il en est de même dans la société. Nous voulons être plus productif, être plus efficace, être plus performant, être plus rentable, etc. Nous valorisons le « plus » : intelligent, riche, performant, beau, fort, talentueux, habile, ingénieux, cultivé, charmeur, etc. Beaucoup d’efforts sont déployés pour être à la hauteur, pour se surpasser, pour être reconnu, pour être apprécié, pour être valorisé, pour être promu, pour être choisi…
Il est tout à fait adéquat de viser l’excellence, de chercher à s’améliorer constamment et de dépasser nos limites. Ce qui devient problématique, c’est lorsque cela se fait dans un état de tension constant. Il y a un prix à payer pour tout cela. Qu’est-ce qu’il nous en coûte physiquement, psychologiquement, financièrement, socialement, etc.?
Il est plus facile de répondre à de telles questions lorsqu’on les ramène à notre réalité particulière. Cela permet d’être attentif à nos propres exigences, à ce qui sous-tend celles-ci. Qu’est-ce que je veux? Qu’est-ce qui me pousse à agir comme je le fais? Qu’est-ce que j’en attends? Qu’est-ce que ça engendre comme conséquences, pour moi et pour mon entourage? Est-ce que je suis prêt à assumer celles-ci?
L’exigence ne vient pas toujours de soi ou uniquement de soi. Certaines occupations professionnelles sont très exigeantes. Je pense entre autres aux agriculteurs, à de nombreuses professions du domaine de la santé et à bien d’autres encore. Poursuivre un carrière tout en élevant une famille est aussi un défi important. Alors que faire?
Si l’exigence vient de soi, on peut apprendre à l’atténuer. Par exemple, si l’on s’est établi un programme d’entraînement physique rigoureux qui ne comporte aucun jour de repos, on pourrait s’en accorder. C’est une façon concrète de prendre soin de soi. En agissant ainsi, on envoie un message à notre corps : « je t’en demande beaucoup et je suis reconnaissant pour tous ces efforts. Qu’est-ce qui te ferait du bien? » Cette attitude s’applique pour tous les efforts que l’on fait, dans les études, dans le travail, dans les soins apportés à la famille, etc. On établit alors une relation avec soi et ainsi, la reconnaissance vient de soi et non de l’extérieur.
Si l’exigence vient de l’extérieur, on peut identifier le pouvoir que l’on a à son égard et poser des actions. Ce qui est important, c’est de ne pas laisser une situation intenable sans agir. Lorsqu’on se sent constamment sous pression et qu’il n’y a pas de possibilité de changements, il y a un risque très élevé de détresse et de suicide. Si vous êtes dans cette situation, il est urgent que vous alliez chercher de l’aide.
Il y a sûrement d’autres facteurs qui contribuent à cette détresse psychologique et mon but n’est pas de tous les énumérer. En étant sensibilisé à cette réalité qui peut nous toucher, en y étant attentif et en posant des gestes concrets, cela peut certainement contribuer à notre mieux-être.
(1)https://www.ledevoir.com/societe/sante/567329/beaucoup-de-detresse-psychologique-chez-les-etudiants-quebecois-selon-une-etude
(2)https://www.lesoleil.com/actualite/sante/inquietante-detresse-chez-les-medecins-1716c6d13b443f0a767e46d3b0f825a3
(3)https://www.journaldemontreal.com/2019/03/20/detresse-chez-les-pharmaciens
(4) https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1139888/stress-anxiete-agriculteur-suicide-pression-milieu-agricole
(5) https://www.lesoleil.com/actualite/sante/plus-du-tiers-des-adolescents-au-quebec-en-detresse-psychologique-selon-une-etude-5fc2a870a401da93156317843975d589
(6) https://plus.lapresse.ca/screens/385f91dd-1108-4dcb-abfa-8fc76bccfec7__7C___0.html
(7) https://www.lesoleil.com/ulaval-nouvelles/detresse-psychologique-des-femmes-la-part-de-la-famille-luvre-du-travail-76cc35dc83e6ef754cb9e3a8c349cb27
(8)https://www.lapresse.ca/actualites/sante/201911/14/01-5249686-un-homme-montrealais-sur-quatre-serait-en-detresse-psychologique.php